Samedi
17 juillet 2004
FRANCK
Grand
beau temps ce matin. L’orage, hier soir, a eu du mal à monter. La tente a été
secouée par les rafales vent. C’était vraiment impressionnant. Il n’a
commencé à pleuvoir que vers vingt trois heures. Dans la nuit, Isko s’était
emmêlé dans les haubans de la tente (par précaution, étant donné le vent,
je les avais remis). Je sors pour l’aider : le ciel était entièrement dégagé.
Nous
partons faire la promenade du chien . Nous rencontrons un homme en train de
balayer. Pascale lui demande s’il connaît l’ancien chalet de l’AEROEVEN.
Il connaît ! Nous n’en sommes pas loin. Retour à la tente pour mettre
nos chaussures de marche, prendre de l’eau pour le chien et nous y allons.
Nous
tournons dans le lotissement de chalets (il n’existait pas à l’époque de
Pascale). En fait, il suffisait d’aller au bout de la route principale. Mais
toutes les routes tournant en tous sens, il n’était pas facile de déterminer
laquelle était la route principale. Nous le découvrons au détour du chemin.
Pascale est très émue. De nombreux souvenirs lui reviennent à l’esprit :
les séances de laçage de chaussures, la préparation du matériel avant les
courses… Elle m’explique chaque emplacement du bâtiment (immense au
demeurant). Il est dans un triste état : tags, vitres cassées, matelas à
l’extérieur… Mais la structure même du bâtiment est intacte. Il est
dommage de voir un tel bâtiment à l’abandon, il possède vraiment un beau
potentiel. La personne rencontrée ce matin nous avait dit qu’il était en
vente pour environ trois cent mille Euros.
Nous
rentrons au camping par un petit chemin de forêt en échafaudant des plans sur
l’utilisation possible de ce bâtiment.
Après-midi
détente. Nos amis vendéens nous ont indiqué un magasin « Au Vieux
Campeur » à Sallanches. Depuis le temps que nous voulions aller à celui
de Paris, nous n’hésitons pas et prenons un grand plaisir en nous y rendant.
Nous
devons rentrer suffisamment tôt pour notre rendez-vous à Chamonix avec Franck,
au Bureau de la Compagnie des Guides.
Surprise
en arrivant aux Houches, il a plu. Un très gros orage. La tente a bien supporté
l’ondée, juste quelques fuites. Rien de dramatique, rien n’est mouillé.
Nous
nous rendons à Chamonix. Nos premières impressions : que c’est laid,
que de monde (le touriste dans toute sa « splendeur » !), trop
de voitures, trop de magasins.
Le
bureau des guides se trouvent près de l’église
Nous demandons à un policier municipal de nous indiquer la route. Il
nous donne le chemin à suivre… et conclut en nous souhaitant bonne chance
pour trouver une place de parking, d’après lui, il n’y a pas de place !
Il nous précise même de prendre les sens interdits ! Qui plus est nous
tombons sur un mariage. Nous nous garons finalement à quelques centaines de mètres
sur un parking payant.
Beaucoup
de monde sur le parvis commun à l’église et à la Maison de la Montagne.
Mariage oblige.
Pascale
cherche du regard qui peut être Franck. Elle est très émue, très impressionnée.
L’Élève va rencontrer le Maître.
Elle
aperçoit quelqu’un près de la porte assis sur un muret en train de discuter
avec d’autres personnes. Elle pense que c’est lui.
Nous
nous dirigeons vers lui. Il dit « Tiens, un Husky ! ». Pascale lui
avait précisé que nous en avions un, en signe de reconnaissance.
Parmi
plus de vingt guides présents et parmi plus d’une centaine de personnes
occupant le parvis, elle a reconnu le bon… vingt cinq ans après.
Pascale
ne sait pas par quoi commencer. Il sort un vieux cahier d’écolier. Il nous précise
que ce dernier n’est jamais sorti de chez lui. C’est le cahier dans lequel il
consignait les programmes des stages qu’il dirigeait. Tout y est. Il y a même
l’article de presse relatant son accident au Mont-Blanc en 1974. Il avait
perdu un compagnon, guide lui aussi, foudroyé. Franck n’avait perdu qu’un
orteil.
Il
nous donne rendez-vous la semaine prochaine chez lui afin de fêter l’évènement
et nous remettre les photocopies se son cahier.
Il
doit nous quitter, c’est l’heure du « tour de rôle » où chaque
guide va pouvoir prendre des courses.
Nous
rentrons, téléphonons à Patricia pour lui raconter l’entrevue.
Journée
fortement chargée d’émotion.
Nous
avons constaté une chose extraordinaire pendant cette entrevue. Isko, qui ne
supporte que très peu de rester statique (surtout dans des lieux qu’il ne
connaît pas et a fortiori pleins de monde et de bruit comme l’était le
parvis) n’a strictement rien dit, s’est couché et a attendu (un jeune guide
est venu plusieurs fois le caresser). A-t-il senti l’émotion de Pascale ?
Pourquoi pas ? Toujours est-il qu’il nous a laissé parler
tranquillement. Merci Isko.
Demain
nous allons essayer de monter à la Jonction, point de séparation des glaciers
des Bossons et de Taconnaz.
La Jonction, sujet abordé durant la
rencontre avec Franck. L’un des camarades de Pascale s’était tué durant
cette rando. Il était trop mal chaussé. Franck en avait fait la remarque aux
accompagnateurs. Ils l’ont emmené chaussé de « Clarcks » (à la
mode dans les années soixante-dix).