Dimanche
08 août 2004
Le circuit DE LA ROUTE Martin
06h30. J’éteins mon réveil. Pascale
dort profondément. Nous voulions partir tôt, nous avons même réglé le
camping la veille en arrivant. Mais je la laisse dormir. Elle est fatiguée,
elle a besoin de récupérer, elle travaillait hier.
Ce matin, pour la première fois, je me réveille
dans le Doblò.
Depuis notre séjour dans les Alpes, il y a deux semaines, nous avons réfléchi
après la rencontre de ce couple qui avait équipé son véhicule afin de dormir
dedans. Le Doblò nous permet,
à condition de démonter la banquette, de disposer de un mètre quatre-vingt
derrière les sièges avant sans avancer les sièges, et de un mètre quatre
vingt quinze en les avançant à fond. La largeur minimale, au passage de roue,
est de un mètre vingt. C’est suffisant pour dormir.
J’ai
donc réalisé un plateau monté sur une structure de dix centimètres de haut
qui nous sert de lit (le plateau fait un mètre quatre vingt sur un mètre
vingt). Nous profitons de l’espace sous les sièges avant pour y stocker notre
nourriture. La structure sur laquelle repose le lit sert également de coffre de
rangement.
Pour
les bagages, nous avons opté pour un plateau réalisé dans des lames de
plancher en pin de vingt trois millimètres d’épaisseur, qui repose sur les
garnitures latérales du coffre (c’est-à-dire un tout petit peu plus haut que
la tablette normale, nous libérant plus d’espace en-dessous). Ce plateau fait
tout de même, dans la dimension la plus grande, un mètre soixante de large sur
quatre-vingt centimètres de profondeur. Une grille sépare ce compartiment à
bagages de notre espace de sommeil. Un extension de vingt centimètres après la
grille, nous permet de disposer d’une tablette côté couchage.
Nous
recouvrons le « plancher-sommier » avec nos matelas autogonflant et
dormons la tête contre les sièges avant, les pieds sous le compartiment à
bagages contre le hayon.
Ce
week-end nous testons donc ce prototype d’aménagement. Pascale travaillait
samedi jusque seize heures. Pendant son absence, j’ai installé tout l’équipement
dans le véhicule, afin d’être prêts à partir dès son retour. Il ne reste
plus que nos sacs à dos à charger. Nous pouvons partir, il est dix sept heures
trente ce samedi sept août. Nous partons faire une randonnée de vingt kilomètres
près du Lac des Vieilles Forges.
Sur
la route, Pascale a du mal à déconnecter du boulot. Elle aura le week-end pour
décompresser.
Le
Quesnoy, La Groise, le département de l’Aisne, le Nouvion en Thiérache, la
Capelle, Hirson, le département des Ardennes, Rimogne, Renwez…
Nous
nous rendons directement aux Mazures, point de départ de la randonnée. Ça
nous servira de repérage pour demain matin.
S’offre
alors à nous l’alternative suivante : poser la voiture quelque part et y
dormir, ou bien se poser dans un camping. Le chien devant dormir dehors, la
première solution m’inquiète un peu. Un animal quelconque (et principalement
un chien errant) pourrait causer des problèmes durant la nuit.
Nous
préférons assurer et se poser au camping du lac des Vieilles Forges créé et
tenu par le conseil général des Ardennes.
Nous
nous retrouvons tout bizarres de nous garer… et d’être prêts à dormir, sans
avoir à monter la tente. Un petit tour au bord du lac pour le chien et nous
rentrons pour manger. L’orage gronde au loin.
Nous
démarrons alors une course contre la montre avec cet orage. Le repas sera
simple : pain et fromage. pas le temps de faire cuire quelque chose. Les
premières gouttes commencent à tomber, énormes.
Le
chien est attaché à la voiture, il a l’habitude de rester sous la pluie
(dans les Alpes, ça ne le dérangeait pas du tout). Nous nous réfugions à
l’intérieur du véhicule.
Pas
content, Isko ! Nous ne sommes pas dans les mêmes conditions qu’avec une
tente. Il a peur que nous partions avec la voiture. Après dix minutes de déluge,
j’enfile ma veste, ouvre le hayon. Le chien monte immédiatement… sur nos
lits ! Se couche, et ne dit plus rien. Nous allons avoir des difficultés
pour le laisser dehors. Nous en discutons dans la voiture pendant que des
cataractes d’eau nous tombent dessus. Le chemin près de la voiture est
transformé en torrent ! Deux possibilités pour le chien : les sièges
avant, probablement pas très confortables pour lui ; ou la tablette à
bagages. Nous choisissons la deuxième solution.
Après
une heure de pluie torrentielle, nous sortons transférons les bagages sur les
sièges avant, installons une bâche sur la tablette. Je porte le chien et
l’installe dans cette « niche » royale.
C’est
décidé, il dormira dans sa « chambre », nous, dans la notre. Nous
occultons les vitres et nous nous préparons à dormir. C’est agréable
d’avoir un sol plan sous son matelas, et pas de risque de fuite. Décidément
avec la solution du chien à l’intérieur, nous pourrons nous poser où nous
voulons la prochaine fois.
Nous
nous endormons paisiblement bercés par les « tip-top » des gouttes
tombant des arbres sur la carrosserie. Une heure après (il est environ vingt
trois heures) le chien aboie. Finalement ce n’est peut-être pas une si bonne
idée. Je sors. Il s’est emmêlé les pattes dans sa laisse. J’en profite
pour le sortir un peu et le réinstalle sur sa tablette. Cette fois nous pouvons
dormir.
Sept
heures trente. Je réveille doucement Pascale, il est temps de se lever pour
faire notre marche. Nous essuyons la table restée dehors pendant l’orage et
prenons notre petit déjeuner. Les arbres continuent de s’égoutter de la
pluie de la veille.
Nous
quittons le camping, direction les Mazures. Bizarrement, la route à double sens
en temps normal, est en sens unique le dimanche et jours fériés. Cette
méthode permet de canaliser le monde venant au bord du lac en minimisant les
risques d'accidents. Notre repérage de la veille n'est plus du tout bon ! Nous
cherchons le point de départ, tournons un peu et le trouvons enfin. Nous
chargeons les sacs et démarrons.
Nous
allons suivre le circuit de la route Martin, du nom de l'industriel Arthur
Martin (fondateur de la marque d'électroménager) qui avait installé ses
usines dans la région. Nous nous dirigeons vers notre point de départ de ce
matin, à savoir le Lac des Forges, par des passages en sous-bois de toute
beauté !
En
chemin, nous croisons un couple qui randonne à cheval. Ils se sont arrêtés et
nous attendent, leurs chevaux étant inquiets de la présence "du
loup" derrière eux (notre chien !). Salutations d'usage. Nous passons
devant eux... J'avance devant avec le chien, le chemin n'est pas large. Les
chevaux, rassurés, ne peuvent me doubler. Pascale est derrière eux. Enfin, je
trouve un endroit où me ranger avec le chien et les chevaux passent.
Un
cri ! C'est Pascale. Elle vient de se faire piquer par une guêpe au tibia
gauche. Elle craint une allergie (l'année dernière au mois d'août, elle avait
eu un problème de cet ordre). Je la rassure, il ne faut pas paniquer, ne pas
courir, ça accélère la diffusion du venin dans l'organisme. Je pose le sac,
sors la trousse de secours. Nous avons une seringue à venin, nous allons
l'utiliser. J'aspire le venin. Heureusement la guêpe a à peine piqué, le dard
n'est pas resté dans la piqûre. Je recommence l'aspiration deux ou trois fois,
sors une lingette imprégnée de solution antiseptique, frotte l'endroit
incriminé et la fixe en place avec un sparadrap. Dans l'immédiat nous ne
pouvons pas faire plus.
Le
traitement a soulagé Pascale, mais ça brûle tout de même. Au
retour, elle m'avouera qu'elle avait envisagé de rebrousser chemin.
Nous
continuons. Nous arrivons au Lac des Vieilles Forges, marchons le long de la
route qui mène au camping, le dépassons pour prendre enfin un chemin après le
centre nautique.
Il
est à noter que le balisage, quoique discret, est très bien fait. Nous
arrivons à trouver les petites flèches blanches qui nous donnent la direction
à suivre. Ça nous change des Alpes et du Lac Noir
!
Nous
progressons à travers la forêt dans un chemin très encaissé qui s'est
transformé en ruisseau avec la pluie d'hier soir. Nous avons tout à coup des
doutes sur le balisage. Cependant, nous continuons en prenant soin de bien poser
nos pieds entre les pierres glissantes de mousse et d'eau.
Tout
à coup un nouveau cri derrière moi. Décidément ce n'est pas son jour !
Pascale vient de glisser sur une pierre et se retrouve par terre. Heureusement
pas trop de mal. Enfin des maisons. Nous sortons de ce "ruisseau",
dont les berges atteignent maintenant deux mètres de hauteur, pour entrer dans
le village des Vieilles Forges.
Nous
avions suivi le bon chemin. Je me demande comment font les randonneurs équestres
? Nous venons de suivre le chemin commun avec le circuit des
"Ardennes à cheval". Il n'est pas possible de passer ce chemin à
cheval !
Nous
trouvons un ancien lavoir, l'eau coule, nous en profitons pour nous rafraîchir
en passant les mains dessous (elle n'est pas potable). Nous
continuons la progression le long du ruisseau de la Faux que nous allons suivre
jusqu'au bassin de Whitaker.
Quelques
étangs, tous propriétés de Comités d'Établissements d'entreprises locales.
La plupart occupée. Nous aimerions demandé pour squatter un mètre carré au
bord de l'eau pour manger. Mais la population croisée ne nous invite pas à le
faire. Ces personnes viennent en voiture, ne se préoccupent pas des marcheurs,
ne sont même pas capables d'un petit signe de tête lorsque nous nous arrêtons
pour les laisser passer. Nous déjeunerons plus loin.
Bien
nous en a pris ! Nous traversons un petit pont de pierre, et descendons au bord
du ruisseau. Nous nous asseyons sur les pierres moussues et déjeunons
tranquillement, loin de tout bruit, hormis le gargouillis de l'eau. Quelle paix
! Nous prenons notre temps. Un couple passe sur le pont, petits saluts. Nous
profitons de la plénitude du lieu pour faire quelques photos. Il est temps de
repartir cependant, il nous reste environ trois kilomètres avant d'arriver au
bassin de Whitaker.
Ce
chemin est carrossable. Une prochaine fois, nous nous promettons de venir y
poser la voiture pour venir y passer la nuit, ce devrait être très agréable.
Cependant, on ne peut pas sortir à l'autre bout, elle est fermée, il faudra
faire demi-tour pour revenir.
Le
bassin de Whitaker ! Nous y sommes. Il porte le nom de l'industriel anglais qui
y implanta une fonderie au début du XXème siècle. en fait, la Faux
a été aménagé par l'EDF lorsque les fonderies se sont éteintes à partir de
1927. Trois lacs vont être créés. Les Vieilles Forges en premier qui devient
en 1949 le plus grand complexe hydroélectrique de France. Puis suivront le
bassin de Whitaker et le bassin des Maquisardes, tous deux soixante cinq
hectares.
Ces
deux derniers réservoirs fonctionnent comme les lacs Blanc et Noir dans les
Vosges. Il existe un dénivelé de 250 mètres entre les deux bassins. Durant
les heures de pointe, l'eau du bassin haut est déversé dans le bassin bas. Il
y a production d'électricité par une turbine (turbinage). Durant les heures
creuses, l'eau est remontée dans le bassin haut par pompage (la turbine est
alors alimentée par le réseau) profitant de l'électricité bon marché et
disponible en quantité.
Maintenant,
nous allons monter au bassin des Maquisardes. C'est la difficultés de la
journée avec un dénivelé important. Nous suivons la route longeant le bassin
de Whitaker avant de prendre sur la droite les circuit des "Roches de
l'Empereur" sur une courte distance.
Là,
nous avons un problème de fléchage. Jusqu'à présent, nous n'avions eu aucun
souci, mais là, nous cherchons désespérément le moindre fléchage. Rien !
Nous devons traverser un ruisseau avec des berges très abruptes. Nous cherchons
en amont et en aval. Rien ! Nous traversons tout de même le ruisseau, en face
nous voyons une "idée" de sentier. Aucune flèche blanche, ça ne
doit pas être là.
Le
couple aperçu lors de notre pause déjeuner arrive de l'autre côté du
ruisseau, nous les interpellons, ils suivent le même circuit que nous... et eux
ont parfaitement vu les flèches ! Nous étions à cent mètres du bon chemin.
Bizarre, nous avons cherché partout.
Nous
montons, nous sommes sur un chemin parallèle de la route du bassin de Whitaker.
Puis nous arrivons sous la ligne haute-tension. L'électricité statique
grésille autour de nous. Un regret, nous n'avons que peu de points de vue sur
le Whitaker.
Nous
ne sommes pas à de très hautes altitudes, le circuit naviguant entre 180 et
400 mètres d'altitude, cependant nous retrouvons une végétation de montagne,
plus précisément une végétation vosgienne. Des bruyères, des myrtilles et
mêmes des digitales. Dans les Vosges nous trouvons ces plantes à des altitudes
bien plus élevées.
Nous
arrivons au bassin des Maquisardes. Surprise ! Il n'y a rien à voir ! Le bassin
est derrière une digue de dix ou quinze mètres de hauteur. Nous ne le verrons
pas.
Je
m'arrête. J'ai un caillou dans la chaussure. Pascale pousse un cri ! Une autre
guêpe vient de la piquer, au coude droit cette fois. Décidément, ce n'est
vraiment pas son jour : deux piqûres, une chute... Nouvelle séance de soins.
Comme ce matin, le dard n'est pas resté. Mais il est vrai que ça brûle
énormément.
Nous
repartons. L'industrie du bois est présente tout le long du chemin. Des tas de
troncs attendent d'être chargés sur les camions. Nous arrivons au "Chêne
de la table ronde"... enfin il me semble que les deux arbres en question
sont des charmes ! Des remorques de transport de bois attendent leur chargement.
Nous continuons sur le chemin principal.
Un
croisement... Bizarre, ça ne correspond pas à la carte. D'ailleurs, depuis le
"Chêne de la Table Ronde" nous n'avons pas vu de balisage. Il est
vrai que les bords du chemin ont été débroussaillés, les marques ont
peut-être été enlevées.
Nous
continuons tout droit. Le chemin s'arrête. C'est sûr, nous ne sommes pas sur
le bon. Nous revenons sur nos pas jusqu'au carrefour. Nous croisons un vieux
monsieur à vélo. Nous lui demandons le chemin pour rejoindre les Mazures. Au
dernier carrefour en prenant à gauche nous y arriverons. Lui, continue par le
chemin que nous avons emprunté.
Nous
décidons de suivre son itinéraire plutôt que de repartir au "Chêne de
la Table Ronde" (en fait il devait y avoir un chemin derrière les
remorques à bois). Après environ un kilomètre, nous retrouvons notre
"guide" qui arrive en face de nous ! Nous n'avons pas suivi ses
indications et avons loupé un chemin à gauche. Il nous y emmène. Cette fois,
nous espérons ne pas nous tromper. Nous suivons un chemin en sous-bois,
traversons un ruisseau, attaquons un chemin de pierres (il nous fait penser au
lit d'un torrent), et enfin arrivons sur un tout petit chemin en sous-bois.
Étrange
ce chemin. On se donne encore cinq minutes et si nous ne trouvons rien, nous
ferons demi-tour. Nous commençons à entendre les bruits du village. Finalement
nous devons être sur le bon chemin. Nous débouchons de la forêt près d'une
entreprise de fabrication de brosses. Quelle direction suivre pour regagner le
centre du village ? Nous partons à gauche vers le stade, de façon tout à fait
arbitraire. Nous apercevons en contrebas l'église, nous avons fait le bon
choix. Tiens ! Nous avons rejoint le circuit, nous découvrons une marque.
Nous
arrivons à la voiture. Une fournaise à l'intérieur. Il faut se dépêcher de
rouler pour rafraîchir l'habitacle pour le chien. Le retour se fera
tranquillement en une heure et demie. Nous n'avons qu'une hâte : manger et
aller nous coucher. Il faisait bon dans les Ardennes grâce aux forêts. Il fait
lourd et moite à vingt et une heure chez nous. Nous déchargeons la voiture
sans prendre le temps de ranger.
Maintenant,
nous savons que nous pouvons nous déplacer grâce à l'aménagement de notre
véhicule. Nous allons prochainement réitérer l'expérience.